Les baisses de mises en chantier résidentielles se poursuivent en 2024 malgré les efforts gouvernementaux — Analyse des causes et perspectives pour l’année 2025
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Le 15 octobre 2024
Le secteur de la construction résidentielle au Québec traverse une période difficile en 2024. Malgré les baisses du taux directeur et des mesures gouvernementales visant à stimuler la construction, le nombre de mises en chantier continue de chuter. La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a rapporté une baisse de 7 % des mises en chantier au mois d’août 2024 comparativement à août 2023. Cette situation reflète des défis persistants auxquels le secteur est confronté, et soulève des questions quant aux perspectives pour 2025.
Les causes de la baisse des mises en chantier
La chute des mises en chantier au Québec en 2024 n’est pas le fruit du hasard. Plusieurs facteurs économiques et structurels ont contribué à ralentir le rythme de la construction résidentielle. Parmi eux, on retrouve des taux d’intérêt toujours contraignants, une inflation persistante des coûts de construction, et un marché locatif saturé. Ces éléments combinés ont non seulement dissuadé les promoteurs de lancer de nouveaux projets, mais ont également créé un déséquilibre dans l’offre de logements, en particulier pour les maisons individuelles. Voici un aperçu détaillé des principales causes de cette baisse.
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Des taux d’intérêt encore contraignants : Bien que la Banque du Canada ait abaissé son taux directeur à trois reprises en 2024, les effets attendus sur le secteur de la construction résidentielle se font toujours attendre. Avec une hausse importante des taux d’intérêt en 2022 et 2023, le coût du financement des projets de construction est resté élevé, décourageant ainsi plusieurs investisseurs et promoteurs. Cette réalité se reflète dans la baisse des mises en chantier, particulièrement pour les maisons individuelles, dont la chute est estimée à 42 % en août 2024.
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Inflation des coûts de construction : L’inflation affecte directement le coût des matériaux de construction, rendant de nombreux projets moins viables économiquement. En 2024, le prix des matériaux clés, tels que le bois et l’acier, a continué d’augmenter, entraînant des retards dans les projets ou des annulations. Même si la demande pour des logements abordables reste forte, les promoteurs font face à des coûts qui ne cessent de croître, rendant difficile la mise en œuvre de nouveaux projets de construction.
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Un marché locatif surchargé : Le marché locatif, pourtant dynamique, n’a pas réussi à compenser la baisse des mises en chantier des maisons individuelles et jumelées. La grande majorité des nouvelles constructions en 2024 était destinée à ce segment, laissant les acheteurs de maisons neuves en retrait. Cette focalisation sur le marché locatif a contribué à un déséquilibre dans l’offre de logements, et n’a pas permis de répondre aux besoins croissants d’accession à la propriété.
Les statistiques et chiffres marquants concernant les chantiers du Québec
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En août 2024, 2 751 mises en chantier ont été recensées au Québec, une diminution de 7 % par rapport à août 2023.
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Les maisons individuelles ont connu une baisse marquée de 42 % en août 2024, comparativement à la même période en 2023.
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Depuis le début de l’année 2024, la région métropolitaine de Montréal a toutefois enregistré une augmentation de 39 % des mises en chantier, principalement dans le segment locatif.
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Le reste de la province présente une croissance hétérogène : -62 % à Gatineau, mais +83 % à Drummondville.
Perspectives 2025 : Entre précautions et espoir
En regardant vers 2025, plusieurs facteurs pourraient influencer positivement le secteur de la construction résidentielle.
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Stabilisation des coûts : L’inflation devrait commencer à ralentir en 2025, ce qui pourrait offrir une meilleure stabilité pour le coût des matériaux de construction. De plus, certaines prévisions indiquent que la chaîne d’approvisionnement, perturbée par la pandémie et d’autres crises mondiales, pourrait retrouver un équilibre, rendant les matériaux plus accessibles à des prix plus compétitifs.
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Politiques gouvernementales renforcées : Le gouvernement fédéral canadien, avec des mesures visant à faciliter l’accès aux prêts hypothécaires pour les primo-accédants et à encourager les constructions neuves, pourrait enfin avoir l’impact espéré sur le marché en 2025. De plus, les annonces de financement pour des projets de logement abordable devraient donner un coup de pouce au secteur.
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Recentrage sur la construction individuelle : Après une focalisation marquée sur le marché locatif en 2024, les efforts pour encourager la construction de maisons individuelles pourraient reprendre de la vigueur en 2025. Les mesures pour améliorer l’abordabilité des maisons neuves devraient favoriser un rééquilibrage entre le marché locatif et celui des maisons individuelles.
À retenir...
L’année 2024 a été marquée par une contraction des mises en chantier au Québec, accentuée par des taux d’intérêt élevés et l’inflation des coûts de construction. Cependant, des signes encourageants pointent vers une reprise modérée pour 2025. La stabilisation de l’inflation et des coûts, associée à des mesures gouvernementales renforcées, pourrait enfin remettre le secteur de la construction sur de bons rails, en particulier pour la construction de maisons individuelles. Si la patience reste de mise, les perspectives à moyen terme semblent plus positives pour l’industrie.
Références
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SCHL — Société canadienne d’hypothèques et de logement. Données sur les mises en chantier pour le Québec, août 2024.
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APCHQ — Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec. Bulletin de l’habitation août 2024
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